Pourquoi le biopic d'Amy Winehouse fait polémique

Treize ans après la mort de la chanteuse Amy Winehouse, la réalisatrice Sam Taylor-Johnson raconte sa descente aux enfers dans un biopic en salles ce mercredi 24 avril. Un film qui fait déjà polémique, notamment en raison du rôle réservé au père de la chanteuse, Mitch Winehouse (Eddie Marsan).

Si dans le documentaire d'Asif Kapadia, Amy, sorti en 2015, était assez sévère à l'égard de Mitch Winehouse, et le montrait sous un jour peu flatteur de père avide et cupide, ce biopic va à l'encontre de cette thèse. Mitch Winehouse, qui gérait sa carrière et l'a de notoriété publique, déconseillé à sa fille d'aller en cure de désintoxication, y est ici présenté de manière bien plus positive.

"Mitch (Winehouse) s'en sort mieux ici parce qu'il est interprété avec charme par Eddie Marsan", souligne le Guardian dans sa critique.

Si Sam Taylor-Jonhson a rencontré la famille de la chanteuse, elle assure qu'ils n'ont pas eu de contrôle sur la production. "J'avais déjà les droits sur la musique et l'histoire, mais ce que je voulais, c'était rencontrer la famille par respect, car je fais quand même un film sur leur fille", a confié la réalisatrice à BFMTV lors de l'avant-première parisienne.

"Je n'ai pas rencontré Blake, son ex-mari, mais Jack (O'Connell, l'acteur qui l'incarne), l'a rencontré. C'était important d'entendre ce qu'ils avaient à dire, et ensuite de faire le film tel que je le souhaitais".

Descente aux enfers

Back to black est par ailleurs accusé d'exploiter la réputation sulfureuse de la jeune femme, morte à 27 ans d'une surdose d'alcool, mais aussi ses blessures et sa descente aux enfers au moment de la création de l'album Back to black. Au détriment de son talent et de sa personnalité.

Roisin O'Connor, chroniqueuse musique de The Independent, s'interroge, elle sur les motivations de faire un biopic sur la vie d'Amy Winehouse, déjà très documentée.

"Compte tenu de l'efficacité avec laquelle sa vie a été passée au crible, il est presque impossible de trouver une raison sincère de faire un film sur Winehouse – du moins pas un film qui ne soit pas motivé par la cupidité", note-t-elle.

Le film de Sam Taylor-Johnson s'attarde beaucoup sur la relation hautement toxique entre Amy Winehouse, campée par Marisa Abela et Blake Fielder-Civil, interprété par Jack O'Connell. Celui qui deviendra le mari de la chanteuse est accusé de l'avoir entraînée vers les drogues dures.

"J'aimais bien Blake et je suis content qu'on ne l'ait pas fait passer pour un méchant absolu, parce qu'il ne l'était pas", a confié au Sun Tyler James, ami d'enfance d'Amy Winehouse.
"Souvent, il n'y a pas de sympathie pour lui, comme s'il était responsable de tout".

"Ils ont édulcoré"

Tyler James est cependant assez dubitatif vis-à-vis du biopic. Amy Winehouse serait "furieuse" de la façon dont elle est représentée, estime-t-il encore auprès du Sun. "Je ne m'attendais pas à ce que ce soit réaliste ou complètement exact, indique-t-il au tabloïd. Mais c'était pire que ce que je pensais. C'était épouvantable et cela ne lui rend pas justice".

"Ils ont édulcoré, passé sous silence sa vie extraordinaire et omis des pans entiers de son histoire. Ce n'est pas son histoire. Ce film aurait pu raconter bien plus de choses et donner une image plus complète de la personne qu'était Amy."

"Elle était la personne la plus étonnante et la plus belle que j'ai rencontrée dans ma vie. Elle était drôlement drôle, intelligente et futée. Cela n'est pas dit", regrette-t-il.

Article original publié sur BFMTV.com